ven. Avr 19th, 2024

La danse fait partie intégrante du rituel hindou. Les fermiers dansent pour leurs récoltes abondantes, les chasseurs pour une prise importante, les pécheurs pour une bonne pêche. Plus tôt, l’homme a dansé pour montrer sa piété vis à vis d’un dieu ou une déesse, se perdant dans la danse, récupérant de l’énergie et de l’esprit. Il est dit dans la mythologie que le monde a été créée grâce à la danse de Shiva.

On peut apercevoir dans le temple de Chidambaram dans l’Inde du Sud une célèbre peinture de Shiva dansant. Sur les murs du temple qui compte quatre entrées principales, on peut observer les 108 positions de danse mentionnées dans le Natyasastra. La danse de Shiva, très passionnée, est aussi appelé Tandava et celle de son épouse Parvati , une danse gracieuse est appelée Lasia. Tandava et Lasia qui représente la violence et la tendresse, la peur et le lyrisme, l’énergie masculin et la grâce féminine sont les bases de la danse.

Il  existe  quatre  écoles  de  danse  classique  indienne  pratiquée aujourd’hui.  Le  Bharata  Natyam*,  dont  le  nom  provient  de Bharata Natyasastra et environ ses deux mille ans d’ancienneté est représenté par Lasia (la grâce féminine) et son lieu d’origine est Madras dans l’inde du Sud. Kathakali, la danse dramatique qui possède les éléments du Tandava (l’énergie et la peur), es né à malabar. Le Kathak qui est un mélange du Lasia et du Tandava et qui est né en Inde du nord se caractérise par le jeu de pied et la précision mathématique du rythme.

La danse a atteint un niveau de perfection très important à travers toute l’histoire du pays. Le Bharata Natyam est pratiqué à travers toute l’Inde du Kashmir au Nord à Kanyakumari la pointe sud durant la période de gloire de l’hindouisme. Après le déclin de l’hindouisme, les envahisseurs étrangers ont modifié les codes de l’ancienne culture. Les envahisseurs musulmans, en accord avec les religieux, ont perçu les sculptures, la danse et le drame avec dégout puisqu’ ils étaient dédiés à des dieux et déesses hindous et donc immoraux. C’est donc dans le sud que la danse indienne trouve refuge. Le Bharata Natyam est considéré comme la plus ancienne forme de danse classique indienne. Il fut aussi révélé par Bharata ,  dans son traité des arts du spectacle, le “Natya Shastra”, il y a environ 2500 ans. Jadis cette danse n’était interprétée que dans les temples, par les Devadasis (servantes des Dieux) qui avaient dédié leur vie à leur art et aux dieux. Aujourd’hui, le Bharata Natyam est sorti des temples et a gagné la scène.

Cet Art permet aux hommes de célébrer le sacré qui est en eux, par une expression de joie et de beauté intense.  Le  Bharata  Natyam  est  constitué  de  danse  abstraite,  Nritta,  (séquences  rythmiques composées de mouvements de base) et de danse d’expression, Nritya (l’Abhinaya, art du mime représente la communication des émotions et états d’âme, par les expressions du visage et du corps).

Le Bharata Natyam réunit vigueur et rapidité, dans son aspect Tandava et grâce séduction et douceur dans son aspect Lasia. La rythmique, très riche, tient une place importante dans ce style de danse. Un entrainement  très  long  et  rigoureux  est  nécessaire  pour acquérir la technique indispensable ainsi que le langage gestuel très élaboré des “mudras”, qui traduit les poèmes et les hymnes chantés en sanskrit, en tamoul, en telugu, ou en kannada. Ce sont toujours des compositions de grands poètes mystiques, dont les œuvres se transmettent depuis des siècles.

Une performance de Bharata Natyam dure entre une heure et demi à deux heures et commence toujours par l’alarippu, une danse  dévotionnelle  qui  montre  l’élégance  et  la  grâce  du danseur. La danse s’exprime grâce à la beauté des couleurs, de ses  mouvements  et  gestuels.  La  danseuse  porte  un  sari richement orné avec de brillantes couleurs. Elle marche et danse de manière élégante, suit son guru (maître de danse) et se tient en position de statue au centre de la scène. Les musiciens commencent à jouer et chanter et la danseuse répète grâce à de petits murmures. Son cou bouge, ses yeux s’ouvrent, ses bras tournent et la danse commence enfin. Balasaraswathi de Madras est considéré comme le danseur suprême. Elle est capable d’interpréter chaque ligne de la chanson de plusieurs façons.

 

La danse en Inde, n’a jamais été prise pour un simple divertissement, elle a toujours été une forme de culte, ayant une part importante dans les rituels védiques. Elle est un moyen de communiquer avec Dieu, de s’unir à lui. C’est une offrande et une expérience mystique. Symbolisme et technique s’allient harmonieusement au service de l’expression sacrée de cette danse, qui se situe comme un véritable moyen de communication entre les dieux et les hommes.

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