dim. Avr 28th, 2024
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LE SUCCESSEUR, un film de Xavier Legrand Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du coeur fragile de son père.

 

Sept ans après le choc Jusqu’à la garde, Xavier Legrand continue d’explorer la violence masculine avec Le Successeur. Posant sa caméra chez nos cousins québécois, il aborde une fois de plus, peut-être de manière encore plus viscérale, la relation au père, ici absent mais tout de même, avec une emprise malsaine et insidieuse. Le Successeur aborde la notion du transfuge à travers un prodige de la mode, Ellias, s’étant enfui de son Montréal natal pour faire succès à Paris… Le décès de son père avec qui il n’était plus en contact depuis son départ et l’obligation de venir remplir les formalités de l’enterrement vont, en l’espace d’une nuit, le plonger dans un dilemme des plus tortueux : doit-il dévoiler les secrets de son paternel au risque de voir sa réputation éclater ? Cette problématique n’est d’ailleurs, et surtout, jamais éclatante à l’écran car la réalisation et l’écriture laissent libre champ au spectateur de comprendre par lui-même. Cinéma subtil donc, cinéma d’une froideur tant dans la sobriété de la mise en scène, l’efficacité du montage mais aussi la bande originale signée Sebastian, un cinéma qui va droit au but sans jamais prendre par la main.

Mais si les thèmes abordés et l’évolution de notre prince de la mode campé par Marc-André Grondin (rôle principal dans l’excellent C.R.A.Z.Y. du regretté Jean-Marc Vallée) sont des plus sombres, l’humour n’est pas forcément laissé à la porte de la salle. Car, oui, la situation dans laquelle se retrouve le candide Ellias est tellement inattendue, ne lui laissant jamais de répit, qu’on finit par en rire, cruellement… (le cerveau a besoin de compenser face à tant d’horreur insoupçonnée). Stupeur, curiosité morbide et besoin de soulagement sont les maîtres mots de ce film, passé pourtant presque inaperçu face au tonnerre qu’avait provoqué Jusqu’à la garde. Xavier Legrand signe ainsi son second long-métrage et se dirige, on l’espère, sur une carrière prolifique, puissante et profonde. En croisant les doigts également que Le Successeur montre la voie vers davantage de productions franco-canadiennes !

Par Antoine Rouit Lorvin

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