dim. Déc 1st, 2024

La vie religieuse et culturelle de l’ensemble du sous-continent indien et de l’Asie a été largement influencée par deux des grands poèmes épiques de l’hindouisme, le Mahabharata et le Ramayana. Même si l’on met de côté le caractère littéraire, qui est très importants, ils restent parmi les poèmes les plus importants du monde actuellement.

Le   Mahabharata,   plus   ancien,   traite principalement de la période sombre qui a suivi  l’écriture  du  Rig  Véda,  le  premier grand   texte   littéraire   indien.   Plusieurs noms  de  princes,  de  sages  et  de prêtre mentionné dans le  Mahabharata se retrouvent dans les ouvrages datant de la période védique.

 

Des deux poèmes, c’est le Mahabharata qui est pour l’essentiel le plus ancien, car son thème central provient de la période sombre qui suivit la composition du Rig Véda*, le premier grand texte littéraire de l’Inde. Quelques-uns des noms des princes, sages et prêtres mentionnés dans le Mahabharata se trouvent aussi dans des sources datant de la fin de la période védique. Le thème du poème a pu se développer autour de la tradition d’une grande bataille qui se serait déroulé vers 900 avant JC. On peut envisager que Krishna qui joue un rôle très important dans le Mahabharata soit une interpolation.

Le Mahabharata est un texte complexe. De même que les histoires grecques de la guerre de Troie qui ont donné naissance à l’Iliade, ce poème indien raconte une querelle violente qui devient guerre d’extermination. Les cinq fils de Pandou se font confisquer leur Royaume ancestral par leurs cousins les Kaurava, dont tous ennemis et amis seront massacrés.

 

La narration évoque globalement un âge prospère ou les vertus de courage, de loyauté et de franchise sont prioritaires. Les héros, se lancent dans des défis qui leurs sont proposés tel qu’un combat ou un jeu d’adresse. Le  Mahabharata  est  universellement  connu  des  Hindous.  De  nombreux  auteurs  actuellement s’inspirent de ces épisodes pour composer des poèmes ou des pièces de théâtre et des longs-métrages. Cependant il n’est considéré comme un classique littéraire car peu ont eu la possibilité de le lire en entier. Il reste malgré tout une grande source d’inspiration pour les auteurs.

Mais le Mahabharata tel qu’il est parvenu contient plus que le récit poétique d’une guerre légendaire. Il fourmille d’interpolations, mis en place longtemps après la composition du récit principal. La plus importante interpolation du Mahabharata reste la Bhagavad-Gita, long poème religieux qui est, de tous les textes sanskrits, celui qui a eu le plus d’influence sur l’hindouisme moderne et donc la culture indienne.

C’est probablement, de toute la littérature sanskrite, l’ouvrage à la plus grande notoriété à l’étranger qui a été traduite dans une multitude de langues, et a été lu par des millions de personnes à travers la planète. Le Mahabharata est bien plus qu’un simple poème en vers, bien qu’il soit possible d’isoler le récit des nombreuses interpolations et de le présenter comme un poème héroïque.

C’est aujourd’hui le plus long poème du monde, comptant environ de 100 000 distiques d’au moins 32 syllabes chacun ; il a justement été une source d’inspiration de l’hindouisme à ses débuts.

 

Le Ramayana

Le deuxième grand poème épique, le Ramayana, est différent du Mahabharata à la fois par son thème et par son caractère. Il raconte l’histoire du célèbre et courageux prince Rama, injustement exilé par son père, Daçaratha, roi d’Ayodhya.

Avec l’aide de sa femme, Sita, et son loyal frère cadet Lakchmana, il se réfugie dans la jungle indienne, où il arrive à tous trois des aventures, dont la plus connue reste le kidnapping de Sita par Ravana, roi des démons de Ceylan, et sa délivrance, en fin de compte, par les deux frères grâce à une armée de singes. A la fin Rama retrouve le royaume des anciens.

 

L’histoire finit mal, car Rama est forcé, pour satisfaire l’opinion publique, de se séparer de Sita, qui a perdu sa pureté rituelle en habitant la maison d’un étranger, bien qu’elle soit restée dans sa captivité complétement chaste et fidèle à son mari.

Le Ramayana est quant à lui le récit, enrichi de prodiges et d’aventures merveilleuses d’un héros quasi surnaturel. Il  est  écrit  dans  une  langue  élégante.  Le surnaturel   et   l’extraordinaire  cohabitent ensemble. Le premier et le dernier livre, où Rama, le héros du poème, s’avère être une incarnation du grand dieu Vichnou, qui a pris forme humaine pour sauver le monde des tourments que lui faisaient subir les démons. Rama est encore considéré comme dieu, et le Ramayana est tenu pour un texte sacré pour certains fidèles. Il comporte nombre de passages tragiques et émouvants, et se révèle une remarquable profondeur psychologique. Il enseigne aussi les vertus du courage, de la loyauté, de la foi, du pardon et de la solidarité.

Le Ramayana et le Mahabharata, bien qu’ils soient nés en Inde, appartiennent au « rêve collectif » de l’Asie du Sud-Est tout entière. A chaque époque, ils renaissent, et leur message est renouvelé. La forme change en même temps que le cours de l’histoire. Ils ont charmé et enchanté, donné du baume au cÅ“ur à des populations de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est, constituant le substrat essentiel de leur culture riche et vivante.

 

Les poèmes épiques sont à la fois, histoire, mythe et folklore, et leur attrait éternel, leur influence sur les valeurs morales, éthiques et religieuses ont modelé, pendant des générations, la vie quotidienne de millions d’hommes et de femmes.

 

Mahatma Gandhi, qui s’est largement penché sur la signification et la portée des deux grands poèmes épiques, et a traduit la Bhagavad-Gita (une partie du Mahabharata) en gujarati, sa langue maternelle, écrivait : « Pour nous,   la   Gita   est   devenu   un   livre   de   référence   spirituelle,   plus profondément vous vous y enfoncez, plus riche en est  la signification révélée. » et ensuite il écrivit : « De bonne heure, j’ai ressenti le besoin d’un écrit qui me servit de guide infaillible pour éviter les tentations vaines. J’ai appris le sanskrit pour pouvoir lire la Gita. Aujourd’hui la Gita est non seulement ma Bible ou mon Coran, mais ma mère. J’ai perdu ma première mère, qui m’a mis au monde il y a bien longtemps, mais cette mère éternelle a depuis entièrement pris sa place à mes côtés. Elle n’a jamais changé, elle ne m’a jamais manqué. Quand je suis en difficulté, quand je suis désespéré, c’est dans son sein que je me réfugie. »

Le Ramayana est quant à lui un poème épique en faveur de l’amour et de la fidélité ; il raconte l’histoire d’un héros très riche, Rama, qui va se battre pour retrouver sa femme Sita, enlevée par le roi démon de Lanka (Ceylan). Le Mahabharata est l’histoire d’une grande guerre civile qui se déroula en Inde quelque milliers d’années avant J.-C, un combat fratricide entre les Kaurava et les Pandava, les uns et les autres fils de deux frères, qui se sont battus dans les plaines de Koukouchtera, aux environs de Delhi.

 

Les  deux  épopées  ont  été  transmises  oralement  pendant  des  siècles  avant  d’être  écrites,  mais aujourd’hui encore, des troubadours et des chanteurs voyagent de village en village à travers tout l’Inde et d’autres pays d’Asie du Sud-Est, en récitant et en chantant les poèmes épiques, jusque très avant dans la nuit, sous les étoiles.

 

Des travailleurs indiens, malgré la dureté de la journée passée et leur lassitude, sont capables de passer toute la nuit assis par terre, en cercle autour du feu, pour écouter attentivement un drame vieux de 3 000 ans. Sur les thèmes majeurs du Mahabharata et du Ramayana ont été greffées une foule de variantes qui viennent illustrer le thème central. Depuis le cinquième siècle, leurs héros jouent des rôles importants dans la littérature de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est.

Les deux épopées constituent un véritable trésor de la connaissance laïque et religieuse ; il existe peu d’épopées comme celui-ci, permettant de découvrir les profondeurs de l’âme d’un peuple. Toutes deux sont des grandes : grandeur romanesque, grandeur poétique épique qui décrit dans une langue superbe toutes sortes d’émotions et d’événements, grandeur des traités sur la morale et sur la législation qu’elles contiennent, grandeur de la somme de philosophie sociale et politique qu’elles constituent, et grandeur encore des écritures sacrées qui indiquent le chemin de la connaissance et des fins ultimes de la vie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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