Le Garçon et le Héron Et si Miyazaki avait signé son plus grand chef-d’œuvre ?
Possible dernier film d’Hayao Miyzaki, roi incontesté du cinéma d’animation, Le Garçon et le Héron s’avère d’une richesse folle, aussi bien visuellement que thématique. Un film-somme, entre perte de repères et passion.
Plus de cinq millions d’entrées au Japon (le tout sans aucune promo) et un démarrage canon en France (plus de 700 000 entrées en une semaine), Le Garçon et le Héron, dernier film du maître de l’animation japonaise Hayao Miyazaki, est un triomphe. Il faut dire que le nouvel opus du réalisateur de Princesse Mononoké et du Voyage de Chihiro était attendu depuis 10 ans. Mais que vaut vraiment ce nouveau film ? Comment, à plus de 80 ans, Miyazaki peut-il encore parler aux plus jeunes et rester créatif ?
S’il est difficile d’expliquer le pourquoi, le constat est là : Le Garçon et le Héron est un film dense, labyrinthique, impressionnant. Sa première scène plonge dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, avec un incendie qui va rester graver dans les mémoires au même titre que la transformation des parents de Chihiro en cochon. C’est aussi un film riche, dont on ne saisit pas tout au premier coup d’œil, une œuvre plus adulte, pas forcément pour les tout-petits comme Ponyo sur la falaise ou Mon Voisin Totoro. Le Garçon et le Héron raconte l’histoire de Mahito qui part vivre avec son père chez sa belle-mère à la campagne. Encore marqué par la mort de sa mère deux ans auparavant, il n’arrive pas à s’intégrer, va même jusqu’à l’automutilation. C’est alors qu’un étrange héron, moqueur, vient lui parler. Petit à petit, Mahito est attiré par une étrange tour à l’abandon. De fil en aiguille, le voilà entraîné dans un monde magique, foisonnant et dangereux.
C’est là que la partie la plus complexe commence, au point de ne pas forcément tout comprendre. D’ailleurs, Mahito lit un message explicite dans ce monde digne d’Alice au pays des merveilles : “Celui qui essaiera de comprendre périra”. En réalité, qu’importe si des détails échappent à la compréhension cartésienne, l’aventure est spectaculaire, l’animation somptueuse, la musique de Joe Hisaichi (compagnon de route de Miyazaki depuis Nausicaä de la vallée du vent) entêtante. On vit l’aventure avec Mahito : on y croise pleins d’oiseaux, une sorte de pirate badasse, un architecte énigmatique et bien sûr le héron qui rôde toujours dans les parages.
Surtout, toutes les thématiques chères à Miyazaki sont là : l’écologie, si importante dans son œuvre, trouve encore ici des échos. Le pacifisme revendiqué du réalisateur trouve aussi une caisse de résonance avec le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Si ce film est centré sur un jeune homme, on y trouve aussi, comme à l’accoutumée, des personnages féminins forts, riches, indépendants. Avec Le Garçon et le Héron, Miyazaki, dont on ne sait pas si ça sera le dernier film, semble laisser un testament artistique et philosophique sur comment trouver sa place dans le monde, comment l’appréhender et le dompter. D’ailleurs, le film est adapté d’un livre intitulé “Comment vivez-vous ?” Une chose est sûre : on vit cette grande aventure avec frisson et passion, terrassé par la beauté d’un tel chef-d’œuvre.
